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【Interview avec l’illustratrice hongkongaise Lokz Phoenix】Ne devenez pas un adulte ennuyeux ! Après avoir quitté la mode, elle s’est tournée vers l’art, redécouvrant sa passion au fil du temps, et un aperçu de son parcours créatif.

Alors que tout le monde est passionnément immergé dans l’événement sportif des Jeux Olympiques de Paris, la France, en tant que capitale de l’art, continue de briller de mille feux et de fleurir dans tous les domaines, et l’artiste Lokz Phoenix en fait partie.

Née à Hong Kong et résidant actuellement à Paris, Lokz est une artiste peintre et céramiste. Bien qu’elle vive à l’étranger, ses œuvres attirent l’attention à Hong Kong — pendant l’événement « Mai Français », elle participe à l’exposition collective de la JPS Gallery intitulée « Un regard depuis le pont ». À peine passé le seuil de la galerie, on est immédiatement captivé par ses œuvres — les escargots en céramique, qui recouvrent les murs de la galerie (aussi appelés limaces ou communément appelés baveux, escargots sans coquille), transportent le spectateur dans une ambiance de jungle, ajoutant une touche de nature à l’exposition.

Les œuvres de Lokz révèlent la végétation luxuriante qu’elle a rencontrée lors de ses voyages en France et en Asie. Avec son toucher habile, elle confère à ces plantes vertes souvent négligées un charme étrange et magique, entraînant le public à plonger dans son monde forestier fantastique.

Cette brève observation est vraiment inoubliable. C’est pourquoi nous avons invité cette personne originaire de Hong Kong et vivant en France, pour partager doucement avec vous ses liens indéfectibles avec la France et l’histoire de sa création.

【Le début de la forêt enchantée】
L: Lokz Phoenix
Z:ZTYLEZ

Z : Peux-tu décrire ta création en trois mots ?
L : Un aperçu, souvenirs d’une première flamme, liens familiaux.

Z : Cela semble si poétique ! J’ai vu que tu as créé beaucoup de escargots en céramique (ou limaces sans coquille), qu’est-ce qui t’a inspiré cette idée ?
L : Parce que j’ai découvert une limace orange en France ! C’est une couleur si éclatante, c’est incroyable. Je n’ai jamais vu une telle couleur à Hong Kong, même si c’est joli, tout le monde la déteste car c’est un nuisible. C’est pourquoi l’idée de créer des limaces adorables a émergé, et finalement, tout le monde a dit qu’ils recommençaient à les apprécier (rires).
D’autre part, j’aime beaucoup présenter des œuvres en deux dimensions (peintures) et en trois dimensions (céramiques) ensemble. Je ne veux pas que les spectateurs voient uniquement des œuvres qui sont enfermées dans un cadre rectangulaire, comme si elles étaient emprisonnées ? L’apparition de la céramique prolonge le concept au-delà de la toile, rendant le thème plus vivant et rapprochant le public du paysage à l’intérieur de l’œuvre.

Z : Avez-vous rencontré des difficultés pendant le processus de création ?
L : Des difficultés ? Non, je n’ai pas rencontré de problèmes particuliers concernant la fabrication des limaces, c’était plutôt détendu, et j’ai même pu me couper du monde.

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    Z : En repensant au passé, depuis quand t’es-tu intéressé à la création artistique ? Y a-t-il des personnes ou des œuvres qui t’ont inspiré ?  
    L : Ça doit être ma mère. Elle a été institutrice en maternelle et elle emmenait souvent mon frère et moi à l’école pour décorer les murs, du choix du thème à la sélection et à la découpe de papiers de couleur, etc. Petit à petit, nous avons développé un savoir-faire, pour être plus précis, nous avons développé un intérêt pour la création ; en raison de son travail, elle choisissait spécialement des jouets capables d’entraîner notre imagination et notre créativité, donc, dans mon enfance, je n’avais pas de poupée Barbie, mais j’avais plutôt différents types de blocs de construction ou de carnets de dessins. Il me semble que tous les murs à ma hauteur à la maison étaient couverts de dessins colorés, et j’ai demandé : « Pourquoi ne pas empêcher les enfants de gribouiller ? » Elle a répondu qu’elle ne voulait pas entraver notre espace de développement (rire).

    Z : J’ai appris que tu travaillais dans une entreprise de mode avant de devenir illustrateur. Qu’est-ce qui t’a poussé à faire ce changement ?
    L : Le moment de changer de carrière a été plutôt décontracté. Je travaillais dans une entreprise de mode depuis six ans et, soudain, je me suis rappelé ce qu’un camarade de classe assis à côté de moi m’avait dit : « Tu dessines si bien, tu deviendras certainement artiste un jour. » Alors j’ai décidé de démissionner et de devenir artiste.

    Z : Alors, pourquoi avoir choisi la France (Paris) comme lieu de développement lorsqu’il s’agit de se consacrer à l’art ?
    L : J’ai toujours grandi à Hong Kong, je n’avais jamais envisagé de m’établir à l’étranger. Par le biais des rencontres, j’ai lié d’amitié avec plusieurs Français et j’ai développé un intérêt pour leur culture et leurs habitudes de vie. Pour mieux comprendre leurs conversations, j’ai commencé à apprendre le français. Cette « curiosité » a été le premier pas vers ma vie à Paris.
    Lors de ma première année, pour m’intégrer plus rapidement dans la vie locale, j’ai contacté quelques journaux de Hong Kong avant mon départ, afin de préparer des interviews à Paris. J’ai interviewé différents types de Français cette année-là, en écrivant/dessins leurs petites histoires de vie ici, publiées chaque semaine dans le Ming Pao. Cela m’a permis de rencontrer des gens intéressants et j’ai également appris un peu de français, ce qui a fait germer en moi l’idée de développer ma carrière ici.
    Pour être honnête, avant d’arriver, j’avais réservé un billet retour pour six mois plus tard. Cela fait maintenant huit ans, et ma mère est assez désespérée (rires).

    【感受法國魅力】

    Z : Comment percevez-vous Paris en tant que ville ?
    L : Quand j’étais jeune, ma conception de Paris était très unidimensionnelle, dans mon esprit, il n’y avait que les films romantiques de la Nouvelle Vague, les magnifiques bâtiments et la cuisine renommée. Ensuite, pour enrichir mon vocabulaire en français, j’ai commencé à découvrir des écrivains et des poètes français comme Charles Baudelaire, Jacques Prévert, Gustave Flaubert, et cela a vraiment élargi mes horizons. À l’époque, je suis devenu un peu accro, commandant un livre après l’autre. Avant de partir, j’ai lu « Emporter un livre à Paris » de l’écrivain chinois Lin Da, où l’auteur démêle avec soin chaque monument historique et les figures historiques comme révolutionnaires, écrivains, penseurs qui ont façonné la ville, ce qui m’a rendu impatient de découvrir dans les rues et ruelles chaque détail mentionné dans le livre.
    Paris est une ville détestable mais envoûtante ; elle est à la fois élégante et chaotique, crasseuse. Elle semble indifférente, et malgré cela, on ne peut s’empêcher d’être fasciné, c’est ainsi que je vois Paris.

    Image prise sur le web

    Z:Selon vous, quelles sont les similarités et les différences entre le développement artistique de Hong Kong et de la France ?
    L : Tout d’abord, la France a une histoire beaucoup plus ancienne que Hong Kong. Sur le plan artistique, ses académies des beaux-arts et sa culture ont atteint un niveau de perfection incroyable, en mettant un accent particulier sur les détails. L’architecture, la littérature, la mode, le cinéma et les beaux-arts s’influencent mutuellement, comme une symphonie où chaque note est liée. Les trésors laissés par l’histoire aux Français sont innombrables, comme par exemple la cathédrale Notre-Dame de Paris, construite à partir de 1163, qui a inspiré Victor Hugo avec son roman Notre-Dame de Paris et Jacques-Louis David avec son tableau Le Sacre de Napoléon ; un autre exemple est le recueil de poèmes Les Mains libres, qui est un modèle d’échange entre l’artiste May Way et le poète Paul Éluard.
    En conséquence, le gouvernement français offre un certain soutien aux artistes, comme le remboursement des taxes sur l’achat d’œuvres d’art, ce qui incite les gens à investir dans ce secteur, l’accès gratuit aux musées d’art, et des réductions sur l’achat de fournitures artistiques, etc.
    En revanche, Hong Kong a été une ville en développement rapide, où nous privilégions la vitesse et l’atteinte des objectifs. Nous n’avons pas de style profondément enraciné ; le style de Hong Kong est en constante évolution, c’est un véritable creuset de cultures. De ce fait, notre capacité d’absorption est assez rapide et nous ne sommes pas obstinés. Notre vitalité, notre efficacité et notre rapidité sont inégalées, du moins aux yeux des Français (rire).
    De plus, notre histoire unique, comme les marques laissées par la colonisation et la fusion des cultures orientale et occidentale, confère aux artistes de Hong Kong une créativité singulière, notamment dans le cinéma. J’ai particulièrement aimé le film de Lee Bik-wah, « Rouge », qui dépeint avec finesse la conscience féminine de deux générations à Hong Kong.
    Avant de quitter Hong Kong, le Tai Kwun et M+ n’étaient pas encore ouverts. À part visiter des musées d’art dans d’autres pays, nous n’avions pas beaucoup d’options. Dans une large mesure, l’éducation artistique à Hong Kong est très peu généreuse pour le grand public, du moins à mon époque, peut-être que les choses ont changé depuis ?

    Z : Être dans des endroits ou pays différents a-t-il un impact sur ta création artistique ?
    L : C’est certain, les plantes qui poussent dans des sols différents ne sont pas les mêmes. Par exemple, les rues de Paris regorgent de galeries d’exposition, allant des espaces indépendants à ceux de plus grande envergure, présentant des œuvres d’art venues de différents pays. L’observation de l’échelle des expositions, qu’il s’agisse d’installations ou de la manière dont le texte d’introduction et les étiquettes sont présentés, tout cela constitue une précieuse source d’inspiration.
    Actuellement, je commence à essayer de transformer les éléments créatifs de l’éléphant en abstrait, ce qui est un objectif que j’espère atteindre depuis de nombreuses années. Par exemple, comment exprimer la joie sans dessiner un sourire, mais uniquement à travers l’utilisation de couleurs et de la variation d’épaisseur des lignes ? Comment exprimer la solitude en jouant sur la distance ? Ce sont des réflexions que j’ai lentement comprises à Paris.

    À propos d’un aperçu sur le pont

    Z : En parlant de l’exposition, celle-ci s’appelle « Un Regard Depuis Le Pont », comment l’interprètes-tu ?
    L : « Un Regard Depuis Le Pont » évoque un instant de réflexion sur le passé, un moment suspendu dans le temps qui semble durer plusieurs minutes, mais en un clin d’œil, le paysage disparaît. Un instant fugace, mais précieux, n’est-ce pas ? Cela laisse une empreinte indélébile. C’est ainsi que je le comprends.

    Z : Peux-tu partager un moment ou un souvenir qui t’a fait sentir comme si tu avais eu un « aperçu sur le pont » ?
    L : À 6 ans, je suis restée assise à l’arrière du bus scolaire, attendant le départ. L’ami de mon frère, qui a quatre ans de plus que moi, est monté dans le bus, m’a appelée d’une voix joyeuse en disant « Lili ». Je me suis retournée et j’ai vu le soleil briller derrière lui, émettant une lumière dorée. Soudain, une musique a résonné à mes oreilles, des oiseaux et des papillons volaient au-dessus de ma tête. Je me souviens encore de son sourire charmant et éclatant qui m’a fait ressentir toutes ces illusions, cela n’a duré qu’une seconde, je crois.

    Z : De l’œuvre précédente « Femme pure » à la série « Into the wild » présentée cette fois au JPS, pourquoi un tel changement ?
    L : L’inspiration pour « Femme pure » est née de la perception de la déformation sociale des standards de beauté concernant le corps féminin que j’ai ressentie en grandissant à Hong Kong. En arrivant à Paris, l’atmosphère était bien différente, et ce thème s’est naturellement estompé.

    Z : Pourquoi le thème de la forêt après la pluie ? Quelles émotions espérez-vous susciter chez les gens ?
    L : Cette œuvre représente les montagnes et forêts asiatiques. En raison du Covid, cela faisait trois ans et demi que je n’étais pas rentré à Hong Kong. Après cette longue séparation, j’ai été particulièrement touché en flânant avec mes parents sur l’île de Lamma, et j’ai pris de nombreuses photos. De retour à Paris, j’ai ressorti les souvenirs de l’album de mon téléphone, en choisissant les moments qui m’avaient particulièrement ému pour créer. À chaque étape, je me remémorais ces instants de promenade avec mes parents, qui, dans le contexte de notre éloignement, restent des souvenirs très précieux et luxueux ; ayant passé beaucoup de temps en ville, mon désir pour la nature est de plus en plus fort. Les jeux de lumière et d’ombre dans les bois, l’odeur de la terre mêlée à celle de la pluie, les termitières, les chants des oiseaux, tout cela me fait sentir comme dans un rêve, et j’entends même le doux murmure du vent dans les feuilles et les branches. J’espère partager cette émotion fugace avec le public.

    Z : Selon toi, la nature à Hong Kong et en France est-elle différente ?
    L : Pendant mon séjour en France, j’ai exploré de nombreuses forêts et montagnes des environs de Paris, comme les Pyrénées et Manosque. J’ai été profondément captivé par ces montagnes majestueuses. Le climat en France est très sec, et les forêts ne sont pas aussi denses que celles de Hong Kong, mais offrent un paysage différent. Ma famille est originaire de l’île de Lamma, et j’ai grandi en contact avec de nombreuses plantes et animaux, aimant courir dans les collines, ramasser des coquillages sur la plage et collecter le nectar des fleurs. Mon voyage dans les montagnes françaises a éveillé de nombreux souvenirs d’enfance et est devenu une source d’inspiration pour ma création « Into the Wild ».

    【Création en dehors】

    Z : Peux-tu partager ton atelier / ton environnement de création ?
    L : Mes critères pour un atelier sont très simples, il doit être proche de chez moi (rire). Car j’oublie souvent d’emporter ceci ou cela, ou j’ai soudainement envie d’apporter une touche à une œuvre, ou quelqu’un veut venir voir mes tableaux, etc. Mon studio est actuellement à seulement 5 minutes à vélo de chez moi, ce qui est très agréable.

    Z : La première chose que tu veux faire en retournant à Hong Kong ?
    L : J’ai vraiment envie de manger des dim sum (rire).

    Z : Quelle œuvre vous a le plus marqué ?
    L : La série céramique « Le Bain ». L’exposition de 2019 a illustré, à travers l’aquarelle, une série de scènes qui se déroulent dans une baignoire : des couples qui s’enlacent, des bains partagés avec un petit chien, un petit chat noir jouant dans l’eau, des moments de solitude joyeuse, et bien plus encore. J’ai toujours souhaité donner vie à cette série en trois dimensions, ce qui m’a conduit à apprendre par moi-même à travailler la céramique. Le processus a été parsemé de défis, comme l’argile qui fond dans le four, et j’ai même endommagé le four (soupir). Ainsi, la joie d’avoir réussi est difficile à exprimer ; de plus, « Le Bain » contient des histoires qui se sont réellement déroulées, les œuvres sont forgées à partir de nombreuses romances, et pour moi, elles sont pleines d’amour.

    Z : Peux-tu partager ta maxime créative avec nous ?
    L : Reste curieux, ne deviens surtout pas un adulte ennuyeux.

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